Le Collectif Citoyen, France-Soir
Vaccination covid des femmes enceintes : les autorités sanitaires et les politiques ont-ils bafoué le principe de précaution ?
Pixabay, France-Soir
En 2021, les autorités sanitaires françaises, à l'instar de nombreux pays, ont activement encouragé la vaccination contre la COVID-19 des femmes enceintes, s'appuyant sur des études préliminaires de faible qualité scientifique qui affirmaient l'absence de risques majeurs - un point de vue des auteurs qui « ne reflètent pas nécessairement la position officielle des Centres pour le contrôle et la prévention des maladies (CDC) ou de la Food and Drug Administration (FDA) » pouvait-on lire dans l'étude. Ces recommandations, relayées par des médecins, des responsables politiques et les médias, ont été formulées alors qu'aucune recherche approfondie n'avait alors évalué l'impact des vaccins à ARNm sur la fécondabilité ou la santé reproductive à long terme.
Aujourd'hui, l'étude de Manniche et al. révèle une association préoccupante entre la vaccination avant conception et une baisse des naissances, mettant en lumière les dangers de cette communication imprudente. Ces nouvelles données exigent une réévaluation urgente des politiques vaccinales et soulignent les conséquences d'une gestion sanitaire marquée par un manque de transparence.
Entre promotion hâtive et communication "assurée" de la vaccination des femmes enceintes sans un réel fondement scientifique solide
Dès le début des campagnes vaccinales, des figures publiques ont défendu avec assurance la sécurité des vaccins pour les femmes enceintes, sans s'appuyer sur des preuves scientifiques probantes puisqu'aucune étude d'impact n'existait.
A commencer par Olivier Véran, alors ministre de la Santé qui devant les caméras de BFMTV procédait à la mise en scène de la vaccination de la secrétaire d'Etat Olivia Grégoire alors enceinte.
Grégoire déclarait : « En tant que femme j'ai bien compris qu'être enceinte ne me protège en rien du virus et que la vaccin m'en protège. De nombreux pays dans le monde pratique la vaccination des femmes enceintes et dès le premier trimestre. (...) Mon objectif était de démontrer que je le faisais et qu'il fallait le faire: je le fais pour me protéger, pour protéger les autres et protéger le petit être qui à l'intérieur de moi » Avant d'ajouter « Amies, femmes enceintes, vaccinez-vous. On peut le faire vacciner dès le premier trimestre. Après le principe de précaution, je crois qu'il s'agit d'un principe de responsabilité ».
Aurélien Rousseau, ancien ministre de la Santé et non-médecin, affirmait fin juillet 2021 sur X que suggérer un danger des vaccins pour les femmes enceintes était une « fake news », ajoutant : « C'est l'inverse. On le sait. »
Parmi toutes les «fake», une me met encore + en colère. C'est celle qui prétend que le vaccin serait dangereux pour les femmes enceintes. C'est l'inverse. On le sait. Il suffit de parler aux équipes qui ont dû faire face aux complications liées au Covid pour la maman et le bébé.— Aurélien Rousseau (@aur_rousseau) July 28, 2021
Ces actes et déclarations, dénuées de références à des études rigoureuses, ont contribué à façonner une perception de sécurité absolue.
De même, le sénateur et médecin Bernard Jomier, en 2022, s'opposait fermement à un amendement prudent de la sénatrice Laurence Muller-Bron, qui visait à éviter d'inciter les femmes enceintes à se vacciner sans données robustes. Jomier qualifiait cette position d'« antivax » et affirmait que « le vaccin n'a pas d'effets secondaires chez la femme enceinte », tout en reconnaissant paradoxalement l'absence de données à long terme : « Comment pourrait-il y en avoir pour des vaccins disponibles depuis un an ? »
Le Pr Mathieu Molimard, qui se présente comme un garant de l'information scientifique, allait dans le même sens. Dans un article de SudOuest en 2021, il assurait que les vaccins Pfizer et Moderna n'avaient « aucun » effet sur la fertilité, s'appuyant sur des études animales limitées et ignorant les incertitudes entourant les vaccins à ARNm.
Interrogés par France-Soir en 2025 sur ces affirmations, face aux nouvelles données de Manniche et d'autres études ( Guetzkov et al.), ni Bernard Jomier ni Mathieu Molimard n'ont réévalué ou clarifié leurs positions. Molimard a même qualifié les questions légitimes d'intérêt public de « harcèlement », illustrant un refus de dialoguer qui contraste avec l'éthique médicale du « primum non nocere » (d'abord, ne pas nuire).
Cette persistance à défendre des assertions désormais contestées par de nouvelles données scientifiques soulève des questions sur les motivations de ces acteurs et sur le rôle des autorités sanitaires dans la diffusion d'informations potentiellement erronées à l'époque qui se révèlent potentiellement fausses et donc dangereuse aujourd'hui. N'est-ce pas là leur devoir fondamental envers les patients et le public ?
Une défiance amplifiée par des alertes ignorées
Dès 2021, des voix avaient appelé à la prudence. L'association BonSens.org, dans une lettre aux sénateurs d'octobre 2021, alertait sur les risques de l'obligation vaccinale et des incitations sans données solides, en particulier pour les femmes enceintes. Des femmes jeunes signalaient des effets secondaires sur leur cycle sans être réellement pris au sérieux par leur médecin.

Le Dr Jean-François Lesgards, biochimiste, adressait en juillet 2021 une lettre aux parlementaires, plaidant pour un moratoire des campagnes vaccinales jusqu'à clarification des impacts potentiels des vaccins à ARNm. Ces avertissements, marginalisés ou qualifiés de complotistes, trouvent aujourd'hui un écho dans les résultats de Manniche, qui suggèrent que la vaccination pourrait avoir contribué à la baisse des naissances.
La défiance envers les autorités sanitaires s'est accentuée avec le temps. Un sondage exclusif réalisé par MIS Groupe pour France-Soir (12 mai 2025) révèle une fracture profonde : si 69 % des Français restent favorables à la vaccination en général, 45 % rejettent le vaccin COVID-19, 56 % déplorent ses effets secondaires, et 73 % critiquent son inefficacité perçue. Plus alarmant, 52 % des sondés déclarent avoir perdu confiance dans la vaccination en raison des « mensonges » perçus du gouvernement, un contexte qui amplifie l'impact des nouvelles données scientifiques.
Une crise de la natalité en France : un facteur vaccinal possible ?
La France traverse une crise démographique sans précédent, avec 663 000 naissances en 2024, soit une baisse de 21 % par rapport à 2010, et un taux de fécondité de 1,62, le plus bas depuis 1919, selon l'INSEE. Cette tendance, amorcée avant la pandémie, s'est accélérée après les campagnes de vaccination massive, au cours desquelles 80 % des femmes en âge de procréer ont été vaccinées fin 2021. L'étude tchèque, par sa similitude vaccinale (prédominance des vaccins à ARNm), suggère que la vaccination pourrait être un facteur contributif, en complément des causes socio-économiques comme l'inflation et l'incertitude post-COVID.

Pourtant, en 2025, l'Ordre des Sages-Femmes continue de promouvoir la vaccination des femmes enceintes, malgré les nouvelles études et les préoccupations exprimées par certaines professionnelles sur les problèmes récurrents qu'elles observent sur le terrain sur des femmes jeunes.

Une sage-femme, sous couvert d'anonymat, confiait à France-Soir : « En 2025, l'Ordre encourage toujours de manière imprudente à la vaccination COVID alors que de nouvelles études nécessiteraient d'être prises en considération. » Elle ajoutait que « la plupart des femmes en âge de procréer ou enceintes refusent aujourd'hui de se vacciner par peur des effets indésirables », révélant une déconnexion entre les recommandations officielles et les attentes des patientes. Isabelle Derrendinger présidente de l'Ordre des sages-femmes n'était pas disponible pour répondre à nos questions.
Conséquences et défis pour la santé publique
Les décisions imprudentes de 2021 et la persistance de certains acteurs à défendre des assertions contestées par de nouvelles données ont des conséquences graves :
- Démographie en péril : Une natalité durablement basse menace l'équilibre des systèmes de retraite et de santé, aggravant le vieillissement démographique. Si la vaccination joue un rôle, même partiel, cette crise pourrait s'intensifier.
- Révision des politiques sanitaires : l'Agence nationale de sécurité du médicament (ANSM) doit intégrer les résultats de Manniche et de Gueztkov/Levi pour ajuster les recommandations vaccinales, en particulier pour les femmes planifiant une grossesse, afin de restaurer la confiance.
- Défi sociétal : la défiance vaccinale, alimentée par des études comme celle de Manniche et les alertes de BonSens.org, risque de compromettre les futures campagnes de santé publique. Une communication transparente et basée sur des données robustes est désormais impérative.
D'un impératif éthique et scientifique à des conséquences juridiques
La promotion hâtive des vaccins auprès des femmes enceintes, sans données solides sur leurs effets sur la fécondabilité, soulève des questions éthiques fondamentales qui si elles perdurent vont prendre un tournure juridique.
Était-il justifié de recommander massivement la vaccination dans un contexte d'incertitude ? Pourquoi les alertes précoces ont-elles été ignorées ? Et pourquoi certains experts refusent-ils de réévaluer leurs positions face à des données nouvelles ? Ces questions touchent au cœur de la responsabilité des autorités sanitaires et des médecins, liés par le serment d'Hippocrate.
L'étude de Manniche, combinée aux avertissements de BonSens.org et du Dr Lesgards, impose une réflexion approfondie. Seule une transparence totale, assortie d'investigations indépendantes sur les causes de la crise de la natalité, permettra de rebâtir la confiance publique. À défaut, le fossé entre les autorités sanitaires et les citoyens risque de s'élargir, compromettant durablement la légitimité des politiques de santé publique.
Dans l'état actuel des choses, sans prise en considération et une réaction rapide des autorités sanitaires et des politiques, ces derniers seront passés d'une communication imprudente sur la vaccination des femmes enceintes à persister dans des actes qu'ils peuvent ignorer être potentiellement dangereux. Errare humanum est, perseverare diabolicum – l'erreur est humaine, mais persévérer dans l'erreur est diabolique.